BLOCKCHAIN, SUPPLY CHAIN ET LOGISTIQUE

Introduction
Cela fait un peu plus de 10 ans que nous entendons parler de Blockchain, et que l’on nous explique que, appliqué à la supply chain, cet outil va révolutionner et sécuriser nos pratiques et nos échanges ? Regardons de plus près en quoi consiste cette technologie et comment elle pourrait s’appliquer à nos domaines.
EDI : Echange de Données Informatisées puis Echange de Données Informatisé
Rappelons-nous d’abord ce que l’on appelle EDI, cette pratique déployée massivement pour faire parler entre eux nos systèmes d’informations. Dans un premier temps, c’est la première version orthographique qui était utilisée : les informations étaient digitalisées, puis stockées sur un support physique qui assurait le lien entre deux ordinateurs. Puis avec l’arrivée d’internet et la généralisation des serveurs connectés à la toile, les échanges par eux même ont été informatisés. Un e-mail est un EDI, et l’attendu de réception que vous intégrez dans votre WMS en est un également.
Et la blockchain ? de manière pragmatique, il s’agit d’un EDI, auquel on ajoute une notion de « tiers de confiance » et avec un cheminement direct entre les organisations concernées plutôt qu’en passant par la toile internet et de multiples serveurs. De même, la blockchain va privilégier le temps réel là où l’EDI est plutôt conçu pour fonctionner par lot.
Tiers de Confiance
Dans un article publié sur planet-fintech.com en mai 2018, le professeur Thibault Douville, professeur à l’université du Mans, nous apporte la définition suivante « La blockchain est une technique de désintermédiation, permettant de se passer des « tiers de confiance ». Cette notion regroupe les personnes qui, en raison de leurs compétences, de leur missions et de leur statut, créent les conditions de la confiance pour les transactions (États, banques, professions réglementées…). Par comparaison, la blockchain assure par elle-même cette confiance. Elle est en effet à même de garantir l’intégrité des transactions qui sont inscrites dans le registre distribué entre les différents nœuds du réseau ».
C’est en exploitant cette technologie que sont apparus les premiers « bitcoins » .
Fonctionnement
Sans entrer dans le détail, les transactions sont constituées d’échanges d’informations stockées dans des blocs, qui sont empilés (enchainés) les uns aux autres après vérification de leur contenu. Ils sont signés électroniquement et horodatés. Leur contenu est, théoriquement, ni modifiable ni supprimable. Une partie des informations est publique (donc consultable), alors qu’une autre partie reste privée, cryptée, et n’est lisible que par les organisations habilitées.
Applications
Une des applications la plus connue du grand public est la crypto-monnaie (les fameux bitcoin), mais d’autres applications possibles concernent la mise en place de contrats, de financements participatifs, la possibilité d’accélérer, simplifier, et réduire les coûts de transactions (par la substitution des contrats ?), mais aussi la traçabilité des produits de la chaine alimentaire … nous y voici !
Traçabilité
Parmi les enjeux majeurs de la Supply Chain en 2020, nous pouvons citer la traçabilité et les prévisions, quand bien même nous évoluons dans un monde « VUCA » (Volatile, Incertain, Complexe, et Ambigu).
Nous comprenons aisément que la blockchain peut répondre à cet enjeu majeur de traçabilité : le producteur de matière première émet un premier bloc dans lequel il insert des informations sur son produit, puis au fur et à mesure que le produit est transformé, modifié, mélangé à d’autres ingrédients, emballé, transporté, … chaque acteur ajoute un bloc à la chaine d’information. C’est ainsi que, par un simple scan de QR Code d’un emballage de poulet, une grande chaine de distribution est en mesure, depuis 2018, de vous indiquer la date de naissance du poulet que vous allez acheter, son lieu de production, le détail de son alimentation, l’abattoir où il aura été transformé, les transports et hubs utilisés pour l’acheminer dans vos rayons … et pourquoi pas ses photos de famille ?
Incontestablement la blockchain répond à ces attentes de traçabilité, avec un effet « waouh » sur les consommateurs que nous sommes.
Objets Connectés
La véritable valeur ajoutée de la blockchain, sous réserve de sa généralisation, pourra permettre de simplifier et accélérer les échanges d’informations et accroitre la confiance entre partenaires. Ceci étant, la technologie permet d’échanger des informations, encore faut-il pouvoir alimenter ces informations, ce qui nous ramène à cette fameuse interface homme-machine. Le clavier ? le code barre ? la puce RFID ? pourquoi pas. Mais à l’heure de l’industrie 4.0 où les machines communiquent entre elles, y compris avec celles des clients et des sous-traitants, c’est une batterie d’objet connectés (donc de capteurs) qui vont alimenter directement les blocs d’information qui, eux même, viendront composer les chaines d’informations : le produit fabriqué à tel endroit et à tel heure (source process de production), composé de tel et tel article (source code barre lors de l’approvisionnement de l’atelier) a été emballé à telle heure, palettisé, stocké dans tels emplacement (source WMS), chargé dans le conteneur Numéro XXX à telle date et à telle heure (source RFID), le conteneur a réalisé tel trajet (source GPS) avant d’arriver dans tel entrepôt à telle température (source capteur), pour être repalettisé sur le contenant N° YYY (source SSCC), avant de passer par tel et tel hun de distribution (source étiquette transport), avant d’être passé à telle date par la caisse N° ZZZ de telle enseigne … et demain, la traçabilité lorsque vous mettrez votre barquette au réfrigérateur, puis le suivi de sa consommation, et le réappro automatique grâce aux multiples objets connectés domestiques reliés à votre wifi ou à la 5G ?
Prévisions
C’est par cet exemple que l’on peut imaginer suivre des trajectoires et consommations, corriger en temps réel les prévisions de ventes, donc les plannings de production, donc les besoins matières …. A condition d’adapter nos outils et organisations à ce nouveau « takt time ».
Sécurisation
Autre enjeu majeur de la supply chain, où les acteurs sont nombreux à s’enchainer (sans jeu de mot) du fournisseur du fournisseur au client du client, la mise en place de la blockchain aurait pour effet de réduire considérablement les fraudes et irrégularités. Selon l’étude PWC de 2020, ces fraudes auraient touché 47% des entreprises dans le monde sur les 24 derniers mois, et qui auraient couté 42 milliards de $).
Demain ?
Si l’on ajoute à ces éléments l’intégration des flux financiers, troisième composante de la supply chain après les flux physiques et d’information, on pourrait conclure que la blockchain est faite pour la supply chain ! partage des données produit, authentifications, traçabilité, contractualisation des achats, …
Même si l’on peut penser que, demain, ce sont les organisations majeures qui mettront en œuvre cette technologie, nos entreprises doivent intégrer le fait qu’elles seront impliquées à un moment ou un autre pour ajouter des blocs lors des transactions liées à ces organisations, et que les informations compilées dans ces blocs devront provenir de nos outils d’exploitation et de traçabilité.
L’amélioration et la digitalisation de nos process, quelle que soit la taille de nos entreprises, devient donc un minimum requis pour la poursuite de nos activités, y compris en logistique. Il n’est pas trop tard, les outils sont multiples, adaptés à tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises, et un cabinet tel que SIMCO Consulting peut vous accompagner dans la définition du besoin, la comparaison des scenarii, le choix, et la mise en œuvre des solutions.
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