Où va la logistique en 2024 ?
Pour la logistique, 2024 s’annonce encore une année compliquée et chargée de nombreux défis à relever. Le secteur de la logistique continue d’être marqué par des incertitudes, un manque de visibilité avec des tendances très lourdes comme les pandémies, le dérèglement climatique, l’inflation, la guerre, les élections européennes, le JO de Paris, …etc… qui peuvent avoir des impacts négatifs.
En même temps, pour surmonter ces difficultés, la logistique va continuer à se transformer avec plus de qualité, de productivité et de compétitivité en s’adaptant et en répondant à ces nombreux défis.
La transformation de la logistique s’accélère
Les crises conduisent à la diversification des chaînes d’approvisionnement
Le coronavirus, puis la guerre en Ukraine, les soubresauts et aléas de la situation géopolitique actuelle montrent l’importance des chaînes d’approvisionnement résilientes, capables avec beaucoup d’agilité et souplesse de surmonter les difficultés et les crises d’approvisionnement.
Il y a un besoin croissant de repenser la mondialisation. On cherche des fournisseurs alternatifs, on veut plus de local, on étend les réseaux de fabrication et de distribution pour être plus réactif et plus compétitif, avec une tendance remarquée de relocalisations.
L’impact de la RSE et du développement durable
Une logistique plus verte, plus soucieuse de l’environnement continue à se développer. Une législation avec des règles plus contraignantes, une opinion publique favorable au développement durable et à la RSE, le souci d’envoyer une image de l’entreprise plus positive poussent tout naturellement les logisticiens à calculer en permanence tout ce qui peut réduire l’impact environnemental, apporter des économies d’énergie, des progrès dans la décarbonation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une logistique toujours plus efficiente…
Une digitalisation croissante pour plus d’agilité
De la gestion des stocks à la livraison des produits, en passant par le transport et le suivi des commandes, tous les aspects de la logistique sont concernés par la digitalisation. On peut suivre en temps réel l’emplacement des marchandises tout au long de la chaîne logistique et ainsi optimiser tous les processus. On peut mieux gérer les stocks (même en temps réel) et prévoir les demandes.
On peut ainsi améliorer le service client avec une meilleure réactivité et en augmentant la productivité des entrepôts et du transport.
La gestion des données toujours en progrès pour un meilleur pilotage
Avec le numérique, l’entrepôt devient plus intelligent grâce à l’apport de toutes sortes d’éléments matériels (IoT) et logiciels (WMS, WCS, WES, APS … ). L’analyse et le traitement de données se font avec des outils sophistiqués comme la Business Intelligence, le Big Data, le Machine Learning, avec des objets connectés et des systèmes de traçabilité. L’Intelligence Artificielle continue sa progression.
La numérisation et l’hyper-connectivité qui en découle favorisent une gestion très rapide, tout en éliminant les erreurs et gérant mieux la complexité et les imprévus.
Mais attention, l’humain reste maître à bord, avec l’utilisation du numérique comme facilitateur.
Un exemple d’évolution dans le numérique : « l’edge computing »
Le traitement des données peut désormais s’effectuer à proximité d’une source de données spécifique et pas seulement dans un cloud distant car l’Internet des objets (IdO), l’informatique mobile et le réseau 5G rendent possible une décentralisation de l’architecture informatique.
Ainsi l’analyse de données peut se faire à grande échelle et en temps réel. Avec « l’edge computing », se développe une infrastructure informatique plus petite que celle du cloud computing traditionnel mais capable d’absorber un nombre exponentiel de données à gérer.
L’automatisation se développe
L’importance de la « data » et le progrès de son traitement vont de pair avec le développement de l’automatisation dans les entrepôts logistiques.
Cette automatisation croissante correspond à la nécessité de répondre aux besoins de rapidité, de fiabilité, de traçabilité dans l’e-commerce et d’assurer la performance maximum de tous les processus de la chaine logistique. A l’heure où l’automatisation dépasse les cadences humaines, l’heure est à l’implémentation de robots de picking en bout de chaine pour encore augmenter les capacités de préparation au quotidien et en période de pic.
Diversité dans les solutions d’automatisation
L’automatisation des entrepôts se développe avec différents outils et des solutions très variées, selon la taille, la dimension, le poids… etc des produits à gérer, des (AGV (Automated guided vehicle) et des robots fixes, AMR (Autonomous Mobile Robots) qu’on voit de plus en plus grâce à leur capacité à planifier des trajets en temps réel et à contourner les obstacles plus librement et plus facilement.
L’automatisation continue à se « démocratiser » et investit tous les processus : entreposage, préparation des commandes, picking, expédition, tâches de transport. Les robots mobiles, utilisés à grande échelle, démontrent leur énorme potentiel en termes de réduction des coûts et d’efficacité.
L’essor de la technologie de l’IA et des capteurs booste l’automatisation et l’améliore en permanence. Même si les robots sont encore massivement utilisés pour des tâches répétitives et subalternes, ils font de plus en plus des travaux à forte valeur ajoutée.
Mais des difficultés et de nombreux défis contradictoires
Le manque de personnel qualifié
L’automatisation se développe d’autant plus qu’elle répond en partie à une des difficultés endémiques dans la logistique : la pénurie de personnel (manutentionnaires, employés chargés de planification logistique, chauffeurs routiers, spécialistes en informatique etc…). Le profil des salariés de nos entrepôts est en pleine mutation, les formations initiales doivent s’adapter à ces besoins, et les formations continues prennent toute leur importance pour accompagner les évolutions nécessaires de carrière.
Le manque de foncier disponible
L’automatisation répond aussi à une difficulté bien réelle en 2024 : le manque de foncier disponible, notamment dans les zones urbaines stratégiques et la loi sur le « Zéro Artificialisation Nette » contraint les acteurs à trouver des solutions adaptées comme la massification du stockage, l’exploitation de la hauteur (souvent limitée dans les PLU) et la recherche de zones logistiques éloignées, donc plus coûteuses.
Paris 2024 : le défi des jeux olympiques
Les Jeux olympiques de Paris 2024 représentent un défi majeur pour la logistique, nécessitant une planification minutieuse en matière d'accueil, de transports, de sécurité et d'approvisionnement et en perturbant les organisations supply chain existantes.
C’est un évènement très éphémère ; mais très exigeant en termes de capacités d’entreposage et de flux et qui impose une stratégie logistique durable, performante et efficiente, avec des engagements forts en termes de d’environnement, d'innovation et d'inclusion.
Autant de contradictions et de difficultés qui, en ce début d’année, insinuent le doute et demandent beaucoup de réflexion.
Une image et une attractivité encore à améliorer
La crise de la pandémie a montré à l’opinion publique l’importance vitale de la logistique et de la supply chain mais il reste beaucoup à faire pour qu’elle ait une image plus positive et plus attractive, qu’elle apparaisse comme respectueuse de l’environnement, soucieuse de s’intégrer dans la marche vers la décarbonation. D’autant qu’on lui demande toujours plus, en particulier avec l’e-commerce : toujours plus de rapidité dans les commandes, dans les livraisons, dans les retours-colis, dans les délais et les transports…
Et demain, changement de paradigme ?
La supply chain ne devrait-elle pas prendre le pas sur le marketing ? Ou tout au moins proposer un équilibre entre l’offre proposée et la demande.
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